FarmPlus, une gouvernance inédite pour contrôler l’application de la stratégie

Deuxième coopérative des Pays-Bas, issue de la fusion entre la CZAV (Wemeldinge) et CAV De Wieringermeer (Wieringerwerf), en mai 2024, FarmPlus développe deux niveaux de gouvernance bien spécifiques. Il y a le classique conseil d’administration, élu par les adhérents, et dont les administrateurs sont les garants de l’éthique et de la mise en place de la stratégie. Cette institution nomme les membres d’un conseil de surveillance, organe inédit en France et très rare en Europe. C’est lui qui recrute le directeur général.

Un conseil de surveillance puissant

« Nous sommes neuf agriculteurs totalement indépendants, non membres du conseil d’administration. Notre mandat est de quatre ans, renouvelable trois fois », précise Dik Kruijthoff, président du conseil de surveillance. « Notre rôle est fondamental. Nous contrôlons au quotidien que le management fait son travail de gestion et d’application de la stratégie. C’est une forme d’audit interne. » Un rôle qui lui donne un pouvoir supérieur à celui du conseil d’administration. « Nous nous réunissons une fois par mois », ajoute Maarten Heijne, membre du conseil de surveillance. « Nous sommes considérés par la direction comme des consultants permanents. Notre indemnité est d’ailleurs, avec 600 à 800 €/jour de présence, supérieure à celle d’un membre du conseil d’administration (250 €/jour + frais de déplacement par conseil), correspondant bien aux missions qui nous sont confiées. » Les relations avec le management sont très proches et basées sur une confiance réciproque.

La coopérative a aussi souhaité créer un conseil de jeunes agriculteurs. « Celui-ci n’a aucun pouvoir politique mais il nous bouscule constamment, se réjouit Dik Kruijthoff. Il nous amène aussi une relève qui sera rompue à l’exercice du pouvoir quand viendra son tour. »

Efficience dans le commerce

La politique de la coopérative est fortement liée au commerce. Il ne faut pas être nécessairement adhérent pour acheter à la coopérative. Elle est ouverte à tous. En revanche, les adhérents peuvent commander plus tôt et bénéficier de ristournes. Ils ont aussi accès aux versements de dividendes chaque année. Le credo de la coopérative est qu’il faut vendre de la connaissance et de la confiance plutôt qu’un prix. « Entre concurrents, nous sommes très proches l’un de l’autre en termes de prix. La seule différence sérieuse est de créer de la fidélité, même dans un pays réputé commerçant avant tout », sourit Maarten Heijne.

La vente en ligne est devenue un axe stratégique majeur dans lequel l’équipe dirigeante a beaucoup investi. « Cela paraît inévitable car nos adhérents comme nos clients s’intéressent de plus en plus à ce type de vente. Le conseil de surveillance, en collaboration avec le management, surveille cela de près. L’arrivée de nouvelles pratiques agricoles, la disponibilité de produits plus vertueux pour l’environnement, la réactivité dans les livraisons et l’efficience de nos outils administratifs doivent faire la différence avec nos concurrents qui sont principalement négoces », espère-t-il.

Pour être encore plus compétitive, FarmPlus n’a plus de dépôts ni de magasins d’intrants. « Nous avons un entrepôt central à Dinteloord, au croisement d’un nœud routier et d’un canal. Forte de bâtiments neufs et aux normes Seveso, dotée d’une flotte de camions de tailles diverses, la coopérative y voit un enjeu de gestion et d’économies majeures. L’ensemble des intrants engrais, semences, produits de protection des cultures y sont entreposés. Toute commande passée avant 9 h est livrée dans la journée. »

L’ambition en dehors du pays

Un Batave se veut être commerçant. Avec sa nouvelle dimension, l’équipe en place ne cache pas ses ambitions. « Nous serons toujours à la recherche de développement qui peut valoriser le travail de nos adhérents, à partir du moment où l’on mesure les risques. » La porte reste ouverte à toute collaboration et rapprochement dans le pays ou ailleurs en Europe, comme la CZAV avait pu le faire en son temps en reprenant 70 % du capital du négoce belge Pauwels, ainsi qu’en participant à l’alliance européenne Novafield.